Transition écologique dans les Pays de la Loire

Un « GIEC » des Pays de Loire a été mis en place depuis octobre 2020, à l’initiative du Conseil Régional. Un groupe interdisciplinaire d’une vingtaine de chercheurs est chargé d’une mission de diagnostic et d’information sur le changement climatique dans la région et de formuler des préconisations.

Tranche nature

Depuis plus de 30 ans le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) publie régulièrement son rapport à l’échelle planétaire, le dernier datant d’avril 2022 ; or, un GIEC régional, créé en octobre 2020, à l’initiative du Conseil Régional, a eu pour mission d’analyser et de compléter les résultats de l’étude réalisée en 2020 sur les impacts du changement climatique en Pays de la Loire. Outre ce travail d’information et de diagnostic, il a été chargé d’émettre des préconisations pour limiter nos émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) et nous adapter au dérèglement climatique.

Ce groupe interdisciplinaire composé d’une vingtaine de chercheurs, a étudié les répercussions du changement global sur notre région mais aussi la contribution de notre territoire à l’effet de serre. Je vous invite éventuellement à lire ce 1er rapport (juin 2022) de plus d’une centaine de pages (1) dont voici une rapide synthèse.

Emissions de GES : empreinte carbone de 31 millions de tonnes équivalent CO2, soit plus de 8 tonnes par habitant, sachant que chacun ne devrait pas émettre plus de 2 tonnes. De plus, si l’on y ajoute les émissions indirectes liées à nos importations, notre Région émet 60 Millions de tonnes.
Températures moyennes : élévation de 1,5 degré depuis soixante ans, avec prévision d’1 degré supplémentaire en 2050, dans le meilleur des cas, et de 2 à 2,5 degrés si les émissions suivent la courbe actuelle.
Vagues de chaleur : aussi nombreuses ces 20 dernières années qu’au cours des 50 années précédentes, elles sont plus précoces, plus longues et plus sévères. 20 à 30 jours supplémentaires attendus d’ici 30 ans, voire 50 à 70 jours de plus d’ici 60 ans sans diminution des GES.
Précipitations/ sécheresses : prévision plus difficile, mais tendance à 50 ans : davantage de pluie en été et moins en hiver, la sécheresse représentera une des conséquences les plus préoccupantes.
Hausse du niveau des mers et acidification de l’océan : hausse de 30 cm depuis 1850, prévision pour la fin du siècle 40 à 80 cm de plus, selon les scénarios.

Pression sur la biodiversité :
40 % des poissons se trouvent menacés d'extinction.

Quelques effets constatés
Pression sur la biodiversité : 40 % des poissons, 30 % des oiseaux et amphibiens, 21 % des reptiles, 10 % des mammifères, 24 % de la flore se trouvent menacés d’extinction.
Déplacement des espèces marines vers le nord (menace sur la pêche)
Fragilisation de la ligne côtière (ex. secteur du Rocher et de la belle Henriette), risques d’inondation et/ou de submersion (Xynthia). D’ici à 2050 ces dommages pourraient progresser de 100 à 150 % en Vendée et Loire-Atlantique.
Réduction de la diversité forestière, altération de la viticulture, dégradations des conditions hydriques et agricoles.
Progression de 20 à 30 % du risque de feux de forêt.
Tempêtes (ex. décembre1999)
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Outre ces impacts, conséquences directes des émissions de GES et du dérèglement climatique à l’échelle du globe, nos activités économiques et sociales accentuent la vulnérabilité de la région.
Doublement des surfaces artificialisées : 4ème rang au niveau national, avec recul des espaces arborés et des haies dans les dernières 40 années, ce qui amplifie le réchauffement (diminution de l’évapotranspiration des sols imperméabilisés) et les inondations. Cette artificialisation (lotissements, grandes surfaces, voies de circulation, parkings etc.) qui a progressé deux fois plus vite que la population, représente 11 % de la surface de la région, en comparaison des 9 % du territoire national, or, le bâtiment et le transport sont des facteurs importants du bilan carbone.
Dégradation de la qualité de l’eau : 90 % des eaux superficielles sont surexploitées et/ou polluées ; Seuls 10 % des masses d’eau sont en bon état écologique, contre 44 % à l’échelle de la France La dégradation la plus forte est en Loire Atlantique, Vendée et Maine-et-Loire (agriculture, industrie etc.)
Baisse sensible des ressources en eaux souterraines : le bassin versant de la Loire sera le plus sévèrement touché et la ressource en eau potable deviendra un enjeu majeur (faible débit et température du fleuve de 30°, facteurs d’insalubrité). Qu’en sera-t-il de la demande agricole supplémentaire et celle liée au tourisme ?
Augmentation de la récolte de bois sur les 10 dernières années qui annule l’accroissement de la captation de CO2 lié au développement de la forêt.

Objectif de ce rapport : Appeler tous les acteurs (décideurs publics, exécutifs locaux…) à s’engager dans des politiques pour faire face aux défis écologiques en leur suggérant des stratégies efficaces.

Cependant, si nos collectivités ont la responsabilité de diminuer les émissions de GES par leur gouvernance, n’oublions pas que chacun d’entre-nous peut participer, par ses propres choix, à cette réduction.

En conclusion
Par son climat, son environnement naturel, son dynamisme économique, la Région est très attractive, mais ces atouts la rendent plus sensible aux variations climatiques et l’afflux de la population, sur le littoral et dans les villes contribue à l’accroissement de l’effet de serre. Si nous voulons que notre territoire reste agréable à vivre et accueillant, il faut s’approprier l’idée que le futur sera différent.